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Ciel, mon chantier !
14 mars 2012

Carnet de voyage - suite

 

Vendredi 16 juillet

Lever tardif, pour récupérer de la soirée d’hier. Nous prenons notre petit-déjeuner sous forme de brunch à l’hôtel, et je pars avec les enfants en direction du Circus Circus pendant que Christophe ramène la voiture chez le loueur. Mauvais choix de véhicule : nous prenons une espèce de navette genre métro, le monorail, qui se révèle compliqué à atteindre à pied – les stations ne sont accessibles qu’au prix de longues traversées des casinos - nous laisse loin de notre but et pour plus cher qu’un taxi au final. La prochaine fois…

Christophe nous attend déjà sur place lorsque nous arrivons péniblement. Nous passons plus de deux heures dans ce parc, avec son roller-coaster, son circuit aquatique et surtout un vacarme assourdissant sous cette bulle, qui répercute le fracas des machines et les cris de la foule. Pas le bonheur total, mais les enfants sont contents. Nous reprenons un taxi direction le Venetian, où nous nous promenons agréablement le long des faux canaux vénitiens, bordés de boutiques de luxe pour la plupart. Puis direction le NewYork NewYork, pour LE roller-coaster. Au dernier moment, Capucine renonce à le faire, elle a tout juste la taille requise. Je suis plutôt soulagée. Les garçons sortiront de cette lessiveuse heureux mais bien secoués, confirmant que la petite dernière a bien fait de s’abstenir.

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Les enfants goûtent alors au casino pour enfants : pour des quarters, les kids peuvent jouer sur différentes machines. Attrape-couillons, machines à tiroir, grande roue de la fortune, saut à la corde en rythme, danse, lancer-francs de basket, et surtout une sorte de manège avec des ballons percés au-dessus qui passent en tournant, dans lesquels il faut faire tomber son jeton pour gagner. Quand l’essai est transformé, la machine rend en échange une série de tickets – des Smiles - qui servent ensuite à choisir une babiole à la boutique du casino.

Et justement, LE champion du monde est là. Une famille newyorkaise a débarqué, dans le but de casser la baraque. Pour cela, ils disposent d’une arme fatale : le fils aîné, d’une adresse prodigieuse et qui réussit à mettre dans le mille trois fois sur quatre. Il devient rapidement le centre d’attraction du casino. Les pièces tombent, atteignant leur cible avec une régularité hallucinante. Les tickets sortent en flux continu, à un rythme hypnotique. Grand seigneur, le champion newyorkais distribue une partie de ses premiers gains à Arthur, qui n’en revient pas. Puis décide de viser le lot suprême : un Bob l’Eponge aussi grand que Capucine ! Sponsorisé par son père, il atteint son objectif très vite et repart triomphalement, après avoir reçu des félicitations sincères ainsi qu’une poignée de mains très officielle d’Arthur qui sait reconnaître un chef, un vrai, quand il en croise un… Notre famille repart avec des bracelets arc-en-ciel à foison et une voiture télécommandée, gains plus modestes mais qui satisfont tout le monde.

Nous nous serons finalement beaucoup amusés dans ce casino miniature, allant jusqu’à ressentir l’excitation des joueurs invétérés tout en restant dans des limites non pathologiques. Nous emportons un ticket « 2 Smile » en souvenir, que nous ne convertissons pas en stylo made in China.

De retour à l’hôtel, bien fatigués de notre périple à travers Las Vegas, ses rues bondées et ses trajets tortueux, nous nous apercevons – mais un peu tard – que la piscine est fermée, au grand désespoir de Capucine. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin.

 

 

Samedi 17 juillet

 

Chose promise, chose due : direction la piscine pour – presque – toute la troupe. Je récupère un jeu de cartes du casino du Luxor et des jetons de 1 dollar en guise de cadeaux. Nous partons pour Cruise America prendre possession de notre « Arvi ». Il ne faut pas traîner, car nous devons être au camping de Zion ce soir. A 13H30, nous repartons au volant de notre maison roulante. Premier arrêt dans un Walmart pour déjeuner rapidement au MacDonald et faire les courses, d’autant que le kit camping prévu n’a pu être fourni par Cruise America. Nous perdons beaucoup de temps à arpenter cet immense magasin. C’est notre premier du genre, nous n’en croyons pas nos yeux. Nous sommes surpris par la grande quantité de légumes et surtout de fruits disponibles au rayon frais. Mais dès que les emballages entrent en jeu, cela se complique. Le contenu devient incertain, complexe, gras le plus souvent. Même les œufs brouillés sont conditionnés en brique ! Au rayon céréales, les enfants ont du mal à choisir parmi la multitude de produits proposés. Quelques-uns ressemblent furieusement à ceux que nous connaissons, mais en fait leur goût diffère considérablement : céréales spécial K plus sucrées, yaourts équivalent « taille fine » plus écoeurants, « café français » qui se trouve être du café au lait, jus de fruit « Tropicana » qui ne sont plus du tout pur jus de fruit, mais à base de… La viande est vendue dans des emballages type saucisson, mous, et sans possibilité de voir à travers. Bizarre…

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En dehors de l’alimentation, le magasin vend vraiment de tout, y compris des armes à feu et des munitions. Nous en profitons pour ramener au chasseur de la famille une cible en forme de « turkey » qui sera du plus bel effet dans son jardin poitevin. Côté drap, oreiller et couette, je me débats avec les tailles américaines et les différentes appellations. Nous faisons un choix non exhaustif par rapport à tout ce que nous devions acheter selon le kit standard, mais suffisant pour nous.

 

A la caisse, mauvaise surprise : nos cartes respectives ne passent pas, pour une raison incompréhensible. Le caissier se trouve donc contraint d’encaisser – non sans une certaine émotion – ses premiers travellers, après accord de sa manager. L’épreuve nous ayant rapprochés, il tente quelques mots en français et confesse à voix basse avoir appris notre langue à l’école, tout en surveillant du coin de l’œil ses collègues pour être sûr qu’aucun ne peut l’entendre. Visiblement, ce n’est pas bien vu, ni signe de grande santé mentale d’apprendre le français pour un gars du coin. Iraient-ils jusqu’au goudron et aux plumes ? Mieux vaut ne pas tenter le diable.

 

Nous quittons le Walmart, heureux de nos achats et surtout avec un cadeau pour Eyepod, la mascotte de la maison, à l’initiative de… Christophe himself !

 

La route jusqu’à Zion sera longue, encore des travaux sur le parcours, mais nous parvenons au camping sans trop de peine. Notre numéro d’emplacement est placardé sur la guitoune de l’entrée, en face de notre nom. Ca marche bien, les réservations à longue distance !

 

Bon anniversaire, Joli-Papa ! Nous pensons à laisser un message sur son téléphone, in extremis. Nous nous couchons rapidement.

 

 

Dimanche 18 juillet

 

Nous ouvrons les yeux sur un cadre grandiose. Il faudra s’y habituer, ce sera notre lot pour les jours à venir.

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Balade rapide à Riverside Walk, belle promenade d’une grosse heure le long d’une rivière, sans difficulté. Dans le « shuttle » qui nous ramène au parking où se trouve notre RV, montent en même temps que nous deux jeunes hommes passablement crottés. Je leur demande si, par hasard, ils ne viendraient pas de faire les « Narrows » - un parcours qui se trouve en bout du nôtre, mais en grande partie dans l’eau et beaucoup plus fatigant. Ils me répondent par l’affirmative, ponctuant leur phrase d’un « quite challenging » avant de sombrer dans un sommeil réparateur, appuyés sur ce qui doit être leurs sacs de couchage.

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Nous entrons dans la Dixie National Forest, aux couleurs rouges magnifiques mêlées à une végétation d'un vert éclatant. Nous déjeunons d’une pizza en chemin, et repartons pour Bryce Canyon. Très prometteur. Nous ne ferons pas d’autre promenade aujourd’hui, juste un arrêt au Ruby’s Inn, sorte de grand complexe hôtelier à l’entrée du parc, qui propose une reconstitution de ville du farwest, avec les boutiques qui vont bien. Ils vendent entre autres de gigantesques glaces…

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Nous atteignons le Cannonville KOA après quelques balbutiements. Cadre extraordinaire, il est encore temps de faire un bond dans la minuscule piscine. Nous mangeons sur une table à l’extérieur, alors que la nuit tombe. Un insecte un peu trop impressionnant arrache des cris à Arthur en se posant directement sur son bras, et des hurlements à Capucine. Nous décidons de regagner le camping-car pour le dessert. Après le repas, je pars en direction des sanitaires pour prendre une douche. Le camping est en pleine nature, les roches ont chauffé toute la journée, quelques herbes éparses constituent la seule végétation : je me revois devant les documentaires animaliers qui ont nourri mon enfance, les plongées en bonnet rouge de Cousteau, « Caméra au point » de Christian Zuber et autres « Animaux du monde » qui m’émerveillaient tout nous enseignant la vie de toutes sortes d’animaux. Et les reptiles, justement, sortent la nuit ! De mes recherches pré-voyage, je sais que les rampants du coin n’ont rien à voir avec les inoffensives couleuvres ou les vipères un peu plus dangereuses de mon Limousin natal. Instruite également de quelques westerns d’anthologie, je ne me sens pas du tout de mordre furieusement dans un bout de bois pendant que mon mari m’entaille la peau à l’endroit de la morsure, pour aspirer le venin et cautériser ensuite le tout avec une bonne rasade de whisky… Je marche donc d’un bon pas, frappant le sol avec plus d’énergie que nécessaire, et balayant en permanence devant moi avec le faisceau de ma – ridicule – lampe de poche. Argh ! Pourquoi n’ai-je pas pris une lampe plus puissante ! Mais pas le moindre signe d’un danger en vue, pas la plus petite musique de crécelle que je guette tout en la redoutant. Tu parles d’une aventurière ! Dans les douches, idem, tout est propre et dégagé. Ce sera le cas dans chacun de nos campings, de la chaîne KOA. Accueil sympathique, sanitaires propres, on n’en demande pas plus.

 Nous passons notre deuxième nuit dans le camping-car, toujours avec l’impression d’être sur un bateau, tellement le véhicule tangue dès que l’un d’entre nous bouge dans son lit. Mais nous allons nous y habituer rapidement. Pour le reste, Arthur change de lit pour prendre le canapé-table, Capucine reste sur la banquette-lit et Valentin se perche au-dessus de la cabine du conducteur. Nous réaliserons ensuite que sur ce modèle de camping-car (C30 de chez Cruise America), nous avons hérité d’une version ancienne, ce qui explique qu’il était au même prix que le C25. Pour le coup, mal conseillés par l’agence qui a pris en charge billets d’avion, moyens de transport et hôtels de début de voyage, et nous a donné globalement satisfaction. Nous aurons l’occasion de comparer avec d’autres voyageurs, et de nous rendre compte que le modèle plus petit, loin d’être moins logeable, offrait un plus grand niveau de confort, notamment au niveau du couchage supérieur (plus de place en hauteur, et donc moins l’impression d’étouffer), avec une partie cuisine et douche en meilleure état. Je ne prendrai qu’une douche dans le nôtre, renonçant les fois suivantes à écoper le sol à cause des fuites, et préférant les sanitaires des campings. Mais c’est ainsi qu’on apprend… Pour l’heure, Valentin pense de plus en plus souvent à ne pas lever la tête trop haut, s’évitant des bosses supplémentaires. Nous maîtrisons mieux l’aération, en contrepartie les moustiques vont passer à l’attaque.

 

 

Lundi 19 juillet

 

Petit déjeuner, puis départ sur Bryce. L’objectif du jour : une balade sur Navajo Trail – Quenn’s Garden Trail – Sunrise Point et retour à Sunset Point, le point de départ de Navajo Trail. Sur les 3h30 annoncées, seules 2h30 seront nécessaires car une partie du chemin est fermée, au départ. Le parcours est étonnant, au milieu des canyons escarpés (Navajo Trail) puis des hoodoos rouges. Il y a pas mal de monde sur le chemin, mais ce n’est pas vraiment gênant. Nos bouteilles se révèlent bien utiles. Je surveille les bas-côtés, car des panneaux annoncent la présence de « rattle-snakes » sur les chemins. Aucun souci cependant. La foule qui nous précède doit les faire fuir. Les écureuils sont de la partie ; ils sont ici plus petits qu’à Yosémite, et aussi peu farouches.

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Sur une partie rocheuse du chemin, nous apercevons l’un d’entre eux, devant un trou dans le rocher. Il pousse de petits cris, et finalement se faufile sous le rocher alors que nous nous approchons beaucoup trop près à son goût pour le photographier. Nous avons juste le temps d’apercevoir un bébé écureuil au fond du trou, vite embarqué par sa mère pour le cacher plus profondément et le soustraire à nos regards. Voilà la raison de ses cris ! Elle montait la garde et s’inquiétait de notre présence.

 

L’orage gronde au loin, et de grands éclairs se mettent à zébrer le ciel. L’orage ne nous touchera pas tout de suite, mais les couleurs du ciel n’en seront que plus magnifiques. Encore une fois, le regard porte très loin, c’est une surprise renouvelée que de constater les différences de pluie ou d’ensoleillement dont bénéficient les reliefs environnants suivant que nous nous tournons vers un côté ou l’autre.

 

Nous regagnons l’endroit où le camping-car était garé, pour nous rendre compte qu’une ranger se trouve juste à côté, une souche de mauvais augure à la main. En fait, en arrivant le matin, nous nous étions garés en épi dans une place libre, entre plusieurs RV’s, sans nous apercevoir qu’il s’agissait d’un emplacement « Buses only », les pancartes étant cachées par les autres véhicules. C’est ce que j’explique à la Ranger, plutôt sympa, qui se montre compréhensive mais apprécierait que, la prochaine fois, nous fassions attention aux panneaux. « I’d appreciate… ». C’est noté ! Nous la remercions vivement et repartons sans demander notre reste.

 

Nous voilà à la recherche d’une aire de pique-nique dans Bryce. La première, au parking microscopique, est déjà occupée. La suivante sur le plan se trouve complètement calcinée. Une place s’étant libérée entretemps, nous nous installons à la première. 

 

L’étape suivante s’appelle « Mossy Cave ». Cette ballade, le long d’une rivière, nous donnera l’occasion de nous reposer un moment au bord de l’eau, les enfants et Christophe nous jouant une scène d’histoire naturelle sur le thème « Le Père Castor et ses enfants ». Il fait encore un temps superbe, même si le ciel est parfois menaçant.

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Retour au camping, baignade, lessives, tout le monde trouve à s’occuper. Un Monopoly des parcs nationaux américains a fait son apparition.

 

 

Mardi 20 juillet

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Rendez-vous a été pris pour le soir au Red Cliff Lodge, à Moab. Nous avons beaucoup de route en vue pour aujourd’hui. Le ciel a fini de menacer, il passe à l’attaque. Nous essuyons de la pluie sur une partie du trajet. Le temps très orageux va contribuer à faire de ce parcours sur la Scenic Byway 12 un souvenir extraordinaire. Avec comme premier acte la traversée de la Dixie National Forest, ses bosquets de bouleaux, ses vaches qui traversent la route sans souci de la circulation, et surtout cet orage de grêle qui nous a précédé de peu, et qui nous livre un spectacle fascinant lorsque nous arrivons sur place : en réaction à la différence de température, la brume monte de la route et des sous-bois environnants, le sol est couvert d’une couche de grêle qui ne fond pas. Nous croisons un groupe de bikers, arrêtés par les intempéries et qui, tout sourire, nous saluent d’un geste de la main lorsque nous les croisons. Nous sommes loin des Hell’s Angels scandinaves !

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Encore quelques miles, et ce sera Capitol Reef, et ses montagnes rouges. Le paysage est fabuleux, l’orage redouble ; nous arrivons bientôt à un endroit où la route passe au-dessus de la Fremont River, à Grand Wash. Apparemment, les rôles se sont inversés quelques instants avant notre arrivée. La rivière est très forte de part et d’autre de la route, et de grandes trainées de boue rouge signalent que la rivière a du déborder puis reprendre son lit il y a peu. Quelques véhicules et un Ranger sont d’ailleurs arrêtés sur le bas-côté. Nous poursuivons notre chemin après quelques photos. La Fremont River va nous accompagner sur le côté de la route pendant plusieurs miles, toujours aussi rouge, boueuse et tumultueuse. Nous la perdrons plus loin, en quittant les reliefs.

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Nous atteignons Caineville sans nous en rendre compte et repérons avec un peu de chance le Mesa Farm Market attendu. C’est une sorte de ferme bio, où il est possible d’acheter et de manger sur place des produits frais et surtout du pain maison. Rien de spectaculaire, juste une petite bicoque en léger retrait de la route, qui semble tenir debout par miracle. Fermé ! Il est 14h30 quand même. Nous continuons, tous penauds, sur Hanksville et déjeunons dans un restaurant situé à la sortie nord de la ville. Bons hamburgers, pâtisseries sympathiques et accueil chaleureux. Nous sommes pourtant au milieu de l’après-midi. Les enfants meurent de faim et doublent la commande. Nous avons la sensation d’être au milieu de nul part, et pourtant la salle accueille deux autres familles, complètement décalées en horaires comme nous. La serveuse nous demande alors si nous allons vers Bryce, car la route est maintenant coupée, la Fremont River a définitivement débordé ! Nous avons eu de la chance…

 

Nous repartons vers Moab. Le passage par la Highway 70 nous permet de rouler dans de meilleures conditions, mais le paysage n’est plus aussi enchanteur. Je prends le volant de l’engin. Il a une grande inertie, et une portance au vent qui le fait parfois bouger de sa trajectoire. Pas facile à maîtriser. C’est un vieux monsieur, il faut le traiter comme tel. Juste avant l’entrée nord de Moab, nous bifurquons vers l’est sur une route qui longe le Colorado. La 128, moins large mais en bon état, serpente entre de grandes falaises rouges, le cadre est superbe. Au bout d’une quinzaine de minutes, nous débouchons sur une vallée où se niche le Red Cliff Lodge. Magnifique endroit style ranch, respectant le paysage alentour bien que dédié au tourisme. Luxueux, propre, avec une grande piscine, un jacuzzi, des terrains de tennis. Nous avons prévu de faire une balade à cheval demain matin, mais compte tenu des tarifs intéressants trouvés sur Internet la veille, nous décidons de nous faire un petit plaisir et de loger là pour la nuit, délaissant notre paquebot roulant. Des cabanes sont proposées le long de la rivière, avec kitchenette, sanitaires nikel, un grand restaurant couleur far-west, un petit musée du cinéma moins complet que celui de Lone Pine, mais avec notamment une sorte de livre des acteurs, répertoriant pour chacun ses caractéristiques physiques, ses compétences (monte à cheval, etc… et d’autres critères moins rédhibitoires) et une photo en situation. On distingue les têtes de bandit, de jeune premier, les amérindiens, etc... C’est assez émouvant de voir défiler ces pages. Le coin fut un lieu de tournage pour les westerns, maintenant il sert encore pour les publicités. 

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 Nous nous installons dans notre chambre qui, une fois n’est pas coutume, peut nous loger tous les cinq, puis direction la piscine et le restaurant. Au moment de réserver une table, je m’aperçois que nous avons changé d’heure depuis notre entrée dans l’Utah et que, sans notre nuit sur place, nous aurions raté notre rendez-vous avec les chevaux le lendemain matin !

 

Les moustiques sont nombreux et gonflés à bloc, le 5/5 est de sortie ce soir.

 

 

Mercredi 21 juillet

 

Lever rapide, nous prenons le petit-déjeuner dans la chambre puis direction les écuries. Quelques explications en anglais, un chapeau, un bandana, un sac à mettre sur le pommeau de la selle, pour un peu on se prendrait pour des cavaliers du poney express ! La première impression : il fait « haut », assis sur nos montures. Et l’animal ne fait pas forcément ce que l’on veut. Nous passons quelques minutes à nous entraîner dans l’enclos qui tient lieu de manège, et après une sommaire initiation aux démarrages en côte et aux créneaux, les moniteurs mettent les chevaux en mode « Pilote automatique » et nous voilà partis. Yeeha ! Heureusement, nos « véhicules » sont dociles. Seule Capucine a l’air parfaitement à l’aise. « Yes, I see » me répond la seule cow-girl du groupe quand je lui précise que seule la petite dernière pratique l’équitation. J’hésite entre une légitime fierté de mère et la sensation que nous voilà déjà tous (sauf une) catalogués dans la rubrique « sac à patates », compte tenu de notre prestance à cheval. La fierté l’emporte… Les chevaux se mettent en file indienne, nous avons de la chance car nous nous retrouvons en tête de peloton. Arthur, suivi de Capucine, moi-même, Christophe et Valentin. A mesure que nous progressons et qu’un paysage johnwaynesque défile devant nos yeux, nous essayons de suivre les indications, penchés en avant en montée et en arrière en descente (petit pourcentage, heureusement). Le cheval de Christophe hérite rapidement du surnom de « Mouton péteur » pour son allure qu’il cale scrupuleusement sur la mienne et pour… vous deviner le reste. Celui de Valentin est un touriste, il prend son temps, sort parfois du chemin et ne rate pas une occasion de manger ou de boire, sans demander l’avis de son cavalier.

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La promenade sera comme une plongée dans nos westerns favoris. Sur la fin, nous commençons à maîtriser mieux le « pilotage » des bestiaux, réussissant à s’arrêter (sans caler), à reculer puis avancer de nouveau notre monture quasiment sur commande. Nous ne sommes pas peu fiers ! Enhardie et trouvant finalement l’allure trop pépère, je décide de talonner un peu mon cheval pour le faire accélérer. Peine perdue, il reste sourd à mes intentions. Me revient alors l’image des cowboys de mon enfance, galopant à brides abattues et frappant le cheval avec l’extrémité des rênes de part et d’autre du licol, pour maintenir le galop. J’empoigne les deux lanières et décide d’adopter la même méthode. Le résultat dépasse mes espérances : mon cheval démarre au quart de tour, heureusement pour un simple trot, et je me retrouve hilare en train de balloter sur son dos, me cramponnant au mieux. Derrière moi, un bruit de galopade et un grand éclat de rire : le cheval de Christophe, coudes au corps (enfin, genoux aux côtes), prend le même rythme avec le même résultat pour son cavalier.

 

Arthur termine la promenade en mode « tour de Pise », sa selle ayant un peu glissé. Nous revenons heureux de nos baptêmes équestres. Effectivement, leurs chevaux sont très dociles et les parcours étudiés, aucun danger, que du plaisir. Nous remettons le pied au sol, une démarche peut gracieuse sur les 150 premiers mètres. Un dernier saut dans la piscine, et nous quittons cet endroit à recommander, également spécialiste de banquets de mariage, de lunes de miel et de… séminaires d’entreprise ! Ca change des kick-offs à la salle des fêtes de Nanterre-Université, mais je dis ça comme ça… Des activités nautiques sont également proposées.

 

Nous décidons de nous poser l’après-midi à Negro Bill Canyon, sur la route en direction de Moab. Le petit parking est encore quasiment désert, pas de problème pour garer notre RV. Nous restons à l’intérieur pour déjeuner de sandwiches, puis nous lançons dans notre randonnée.

   

L’endroit nous prendra 2h30 environ, pour apercevoir enfin l’arche promise (sans Indiana Jones) et découverte par un homme noir du nom de Bill. Le chemin serpente (et c’est vraiment le verbe approprié) entre des rochers et une végétation basse mais touffue. Nous traversons entre 7 et 9 fois (selon la police ou les manifestants) la petite rivière locale, en traçant notre route à travers ce canyon tortueux et relativement étroit, mais qui ne présente aucune difficulté. Les parois qui nous entourent sont composées d’une roche trouée comme un gruyère français, version américaine et XXL des galets creux de l’Ile de Ré. Cependant, pas de coquillage ici dans les différentes cavités. Nous atteignons à mi-parcours un endroit où se dresse un chevalet rudimentaire, qui sert de support à une boîte en fer contenant un cahier. Livre d’or du coin, chacun peut ainsi signer son passage. Nous laissons l’empreinte de notre passage (surtout Capucine qui leur servira au retour un texte de sa composition pour exprimer tout son enthousiasme). Curieux, en lisant le texte de nos prédécesseurs, nous tombons sur un « saw one snake », à la date de… la veille ! Argh ! Il faudra être prudents. Une fois n’est pas coutume, tant pis pour les voisins du dessous, j’encourage toute la troupe à taper des pieds, surtout aux passages les plus étroits dans les herbes hautes.

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Je serai la première à apercevoir un serpent, plutôt un serpenteau, ou serpentin : à peine la moitié du diamètre de mon petit doigt et long comme ma main environ. Il se glisse en vitesse entre les herbes en nous entendant (ou plutôt en nous percevant, car je crois qu’ils ne sentent que les vibrations) arriver. Mais comme dit Valentin, quand il y a un bébé, il y a forcément… une maman et peut-être même un papa ! Peu désireux de faire plus ample connaissance avec le reste de la famille, nous accélérons le pas. Ce sera  notre seul serpent de tout le séjour.

 

La faune du coin ne s’attendait pas à notre visite ; une écrevisse américaine, cousine de celles qui envahissent maintenant les cours d’eau français et font fuir les espèces locales, barbotait tranquillement dans une eau peu profonde lorsqu’elle eût la surprise de se retrouver hissée dans les airs, prise entre les doigts d’un Arthur triomphant ! L’entraînement dans le Clain avait porté ses fruits. La bête fut relâchée, considérée comme trop petite (et trop seule) pour faire une honnête soupe de crustacés.

 

Quelques chiens en balade avec leur maîtresse feront la joie de la petite dernière, trop attendrie à la vue d’une boule de poils n’ayant qu’un rapport même lointain avec son chien.

 

La balade sera belle, plus fatigante à cause de la chaleur par moment, mais heureusement assez ombragée pour que nous en profitions. Clairement, notre condition physique est assez lamentable, nous ne pourrons que faire cet amer constat tout le long du séjour. Ce qui nous incitera à être un peu plus entraînés pour la prochaine fois. Par contre, nous avions sous-estimé les changements d’altitude fréquents, et l’altitude en général élevée des parcs où nous nous sommes promenés du fait que nous avions souvent TRES chaud. Ce paramètre doit jouer aussi sur la fatigue ressentie.

 

Retour au RV, nous prenons la direction de Moab pour vérifier que la réservation de 4x4 du lendemain a bien été enregistrée. Nous arrivons au Moab Canyonland Adventure Center. L’accueil est très sympa, le loueur viendra nous chercher directement au camping demain matin pour nous amener le 4x4.

 

Direction le camping Koa local pour notre installation du soir.

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